Premier chapitre

Prologue

Nous sommes partis aujourd’hui. Quand l’aube s’est levée sur le complexe, nous avons voté, et nous étions tous d’accord. Tout était prêt ; nous avions planifié ce moment depuis des mois. Il n’y a pas de retour en arrière possible. Cinq cents vaisseaux portent maintenant le dernier espoir de l’humanité vers les étoiles, sous atmosphère et lumière artificiels, pour des années s’il le faut. C’est le premier jour de notre Exode. C’était notre dernier matin sur Terre.

Le livre de l’Exode. Première partie : Le Départ, par l’Amiral Kary Sarten

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Chapter I : L’orage

Je crois que nous avons trouvé notre monde. C’est une planète dure, sans merci, recouverte de désert et d’océan. Mais nous pouvons y vivre. Plus de trois cent ans après avoir quitté la Terre, il est temps de sortir de notre vaisseau de survie et enfin arriver… chez nous.

Journal de Dame Adarei Erdane, 365 Après l’Exode, citée dans Le Livre d’Edin

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Sedna se tenait debout parfaitement immobile tout au bord du canyon. Une brise caressa son visage et fit virevolter sa jupe. L’immensité brute du Désert Rouge du Nord s’étalait à perte de vue, et le vide l’attirait, l’incitait à sauter pour se perdre au fond de la faille grimaçante qui s’ouvrait à ses pieds. Une fois de plus, elle résista à la tentation.
Derrière elle, son cousin Mikhal l’appela.
— Tu as tout vu. Il faut prendre une décision.
Elle se mordit l’intérieur de la joue.
— Il n’y a pas d’autre solution ?
— Non, Sedna.
— J’ai du mal à te croire, dit-elle d’une voix blanche. Il y a forcément un autre moyen.
Je ne veux pas avoir à accepter de l’aide, se dit-elle.
— Nous n’avons pas le choix, pas si tu veux nourrir ton peuple. Si tu ne fais rien, ils vont mourir ou se rebeller, et ce sera véritablement la fin de la lignée des Erdane.
Sedna avait un goût de sang dans la bouche. Mikhal avait raison, elle n’avait pas le choix. Elle devait sacrifier son orgueil pour la survie de son monde.
— Très bien. Le Ministre March avait prévu de venir discuter de ma décision dans le courant du mois. Quand il sera là, je lui dirai que j’accepte l’offre de la reine. Edin prêtera à nouveau allégeance à la Couronne, et je demanderai pardon au nom de mes parents.
Même si ma famille n’a rien fait, ajouta-t-elle en son for intérieur.
— Merci, Sedna, répondit Mikhal, soulagé. Maintenant je t’en prie, mets cette cape.

Elle ne répondit pas ; les rayons des soleils jumeaux ne l’avaient jamais inquiétée. Elle avait toujours aimé la chaleur intense de son monde natal. Enfant, elle se faufilait toujours dehors quand les deux soleils étaient hauts dans le ciel. Elle était toujours seule en ces moments-là : même les Edinites ne sortaient pas durant la journée. Excepté bien sûr les travailleurs des champs, qu’elle avait vu s’acharner sur la terre desséchée à tenter de tirer leur subsistance de ce sol hostile. Elle pinça les lèvres et se tourna ; du haut du canyon, elle voyait une grande partie du désert. De hautes tours de grès rouge s’élevaient au loin, témoins poussiéreux d’anciennes rivières maintenant disparues. Sedna se rappelait les excursions qu’elle faisait avec son père, quand elle était petite. Ils atterrissaient tout en haut d’un canyon et contemplaient le silence. Elle essaya de retrouver cette paix qu’elle avait perdue depuis longtemps, mais les cicatrices qui zébraient la terre gâchaient tout. À cause du blocus imposé par la Fédération, son peuple avait été contraint d’accroître son activité minière pour payer les vivres que Sedna avait réussi à négocier au marché noir. Ils avaient creusé de profondes déchirures dans les grandes vallées vides pour atteindre les minerais, et les fourneaux à fusion s’étaient propagés et envahissaient à présent le paysage. Sedna enroula les doigts dans son pendentif en argent, jais et pierre de lune et se demanda quand son peuple avait fabriqué des bijoux pour la dernière fois au lieu de vendre du métal brut.

Des blessures béantes infligées à sa planète suintaient des hommes, des machines et des nuages de poussière. Même de si loin, les minuscules silhouettes avaient l’air épuisées. Que se passe-t-il quand on affame des universitaires, des artistes et des stylistes ? Résistent-ils avec panache, se battant avec pour toutes armes le savoir et la beauté personnifiée ?

Non. L’histoire l’avait prouvé. Ils pleurent, jurent et volent comme n’importe quel autre être humain, se retenant à peine de manger leurs prochains. Mikhal avait fait de son mieux, mais pour un peuple qui avait passé sa vie entière à lire, danser et jouer de la musique, cultiver sa nourriture était un défi. Le père de Sedna avait eu le bon sens de ne jamais complètement abandonner les vergers, mais on ne nourrit pas des milliards de personnes avec des pêches et des amandes. Après tout, peut-être que le roi Verlon leur avait rendu service en exterminant cinq cents millions d’Edinites avec ses vaisseaux. Au moins, les victimes n’avaient pas eu à voir leurs enfants mourir de faim. Le blocus avait amené le nombre de morts à trois milliards, soit la moitié de la population d’Edin. Edin… Quelle ironie, pensa Sedna. Les historiens disaient que le nom de la planète trouvait son origine dans la légende du Jardin d’Éden, un lieu de la mythologie d’une des anciennes religions terriennes, où les hommes vivaient sous la protection des dieux et ne manquaient de rien. La réalité était toute autre. Il n’y avait pas d’hiver ici, personne de souffrait du froid ou ne mourait dans la neige, mais d’immenses déserts recouvraient la grande majorité du globe et seules les rives des fleuves géants étaient cultivables, ou leurs deltas, là où ils se jetaient dans l’Océan. Tant de place pour si peu de monde… Des déserts vides et stériles, et une poignée d’universitaires qui se prenaient pour des fermiers : voilà tout ce qu’il restait du monde des Erdane, ce monde qui appartenait maintenant à Sedna.

Mikhal l’appela plus fort : une énorme tempête de sable se préparait et menaçait de recouvrir le désert et l’Océan pour au moins deux jours. Ils fallait qu’ils rentrent avant que l’orage n’éclate. Sedna s’engouffra dans le vieil hoverplane et Mikhal survola les mines. Elle regarda par la fenêtre, silencieuse, mélancolique, observant les taches vertes de la végétation qui réapparaissait peu à peu sur le sable rouge.

Malgré son ancienneté, le hoverplane était rapide, et Sedna apercevait déjà l’Océan qui recouvrait l’autre moitié de son monde. En moins d’une heure, ils arrivèrent en vue des faubourgs d’Harea. La Cité des Sables, capitale de la planète, avait été construite autour d’une anse calme et paisible ; vu d’en haut, l’Océan se teintait de bleu profond et la jungle du delta offrait un magnifique contraste entre le feuillage vert et la terre rouge. C’était sans doute ainsi que la planète était apparue aux premiers colons, à leur arrivée. Ils avaient dû être soulagés de trouver un monde habitable malgré l’omniprésence du désert; ils avaient pu échapper au long processus de terraformation que les autres mondes devaient subir.

Le communicateur résonna dans l’habitacle.
— Oui ? répondit Mikhal d’un ton sec.
La voix d’Emily, la femme de Mikhal, se fit entendre.
— J’ai réussi à joindre le cabinet du Ministre, dit-elle.
— Ici Sedna. Merci, Emily. Est-ce qu’il a donné une date pour sa visite ?
— Oui. Il sera là dans deux jours.
Sedna poussa un soupir. Elle n’avait plus le choix maintenant.
— Parfait. Fais préparer l’aile des invités, et essaie de trouver autre chose que des fruits à lui servir à manger.
— Bien sûr. Tout sera prêt.

Sedna coupa la communication. Elle resta assise sans un mot pendant un moment, sans voir les regards timides que lui lançait Mikhal. Elle devait se préparer à la visite de March. Rien ne pouvait être laissé au hasard.
Mikhal ne s’enhardit pas assez pour poser des questions, ni même donner son avis, et Sedna ne demanda pas son aide. Ils atteignirent le sol à côté de la Jetée d’Edin. Le Manoir Erdane était déjà visible sur la falaise. Sedna demanda à son cousin de s’arrêter : elle voulait marcher jusqu’à chez elle et s’aérer un peu.
— Et l’orage ? demanda-t-il.
— Je serai rentrée avant le danger.

Mikhal n’essaya pas de la retenir et elle lui en fut reconnaissante. Elle avait passé assez de temps à demander la permission pour tout et n’importe quoi quand elle était encore en exil.
Les rues étaient désertes quand elle sortit de l’hover. Les habitants qui ne travaillaient pas étaient enfermés chez eux pour se préserver de la chaleur, cachés au frais derrière les murs de pierre de leurs grandes maisons. La lumière se reflétait sur le pavé blanc et aveugla Sedna pendant un instant. Ses lunettes s’ajustèrent et elle leva les yeux vers les soleils jumeaux. Elle parcourut la Jetée d’un pas lent, observant tout dans le moindre détail. Les décors des murs étaient fanés, des carreaux s’étaient détachés des mosaïques et même le trottoir avait perdu de son élégance depuis que le chiendent avait percé entre les dalles. Un air de délabrement régnait dans la cité, et Sedna le ressentait plus particulièrement au cœur des anciens quartiers aisés qu’elle arpentait maintenant. Une fresque murale en ruine représentait les Edinites accueillant des peuples persécutés avec des cadeaux de fleurs, fruits et livres. Son monde avait été bâti à partir de cette croyance, fondé sur ce principe : la protection de la vie, du savoir et de l’indépendance. Son père aimait dire que les Erdane portaient ces idéaux dans leur chair et dans leur sang.

Elle s’assit sur un banc de pierre qui avait cuit toute la journée au soleil et se délecta de la chaleur enveloppant son corps. Il n’y avait toujours personne dans les rues. Edin vivait la nuit, ce qui avait fait de la planète une des favorites de la Cour des années durant. Un tumulte de fêtes et de chansons, de plaisanteries, de théâtre et de musique… Tout avait disparu. Sedna savait qu’elle régnait sur un monde mourant. Plus personne ne venait sur Edin, plus personne n’achetait les fruits mûrs et parfumés de ses vergers. Depuis la guerre commencée par le roi Verlon, la planète et son peuple avaient été privés de ce qui les avait fait vivre pendant des siècles. Je ne sais même pas si je peux les sauver, se dit Sedna.

Il ne semblait y avoir aucune solution au problème et elle avait commencé à croire qu’elle mourrait ici avec son peuple. Tant que le blocus était en place et qu’ils ne faisaient plus officiellement partie de la Fédération, il n’y aurait jamais assez à manger. Sedna savait que ça ne pouvait durer plus longtemps, et que le moment était venu de se tourner vers la reine. Mikhal avait raison : son orgueil ne valait pas la survie de son peuple.

Au moins, elle n’était plus en exil. Malgré sa méfiance envers Wesley March, Sedna savait qu’il était pour beaucoup dans cette décision de la reine. C’était le premier qu’elle avait pu considérer comme son ami. Un ami qui venait la voir sur ordre de son ennemie… Peut-être pourrait-il l’aider encore une fois.

Si elle refusait l’alliance et s’obstinait à s’isoler sur son monde, elle n’aurait aucune chance de se venger. Le roi Verlon, qui avait ordonné le massacre de ses parents et de son peuple, était aujourd’hui sénile et ne se souvenait de rien, pas même d’avoir régné, et sa fille Annelie était montée sur le trône avec son mari Othon. Sedna savait qu’il y avait aussi un frère, Liam, mais il avait été déshérité lorsqu’il s’était rebellé contre son père au beau milieu de la dernière guerre avec leur voisin, l’Empire de Nanke. Il errait depuis à la Cour, noyant sa jalousie dans l’alcool. Peut-être que je devrais essayer de le rencontrer, se dit Sedna. Mais il était peu probable que le prince déchu lui accorde audience.

Les soleils descendaient, saluant l’océan, et Sedna se leva pour rentrer. Le regard au Nord, elle put admirer la rencontre des deux ouragans au-dessus du rivage, combat lointain et silencieux tout de bleu et d’orange. Elle guetta l’accumulation des nuages sombres au-dessus d’Harea jusqu’à ce que la pluie se mette à tomber. L’eau était tiède et réveilla tous les parfums des jardins. Sedna baignait dans des effluves de chèvrefeuille, jasmin et fleur d’oranger, et bientôt elle fut trempée. L’eau grésillait en tombant sur le pavé brûlant. Elle retira ses chaussures et courut pieds nus sur le sol immaculé, vivifiée par l’électricité dans l’air. Sa robe était imbibée d’eau, lui collant aux bras et aux jambes. Elle défit ses cheveux et s’arrêta sous le déluge, face à l’Océan, laissant les gouttes venues du ciel ruisseler le long de son corps. Sous l’orage, elle redevenait la Dame D’Edin, fière héritière de la famille Erdane. Elle ne se remit à courir que lorsque le sable tourbillonna autour de son visage.

Les énormes vagues arrachaient de gros blocs de pierre de la falaise escarpée où le Manoir avait été bâti. Sedna accéléra, gravit la colline, ouvrit la porte avec fracas et traversa le hall en trombe, laissant de larges flaques d’eau sur le sol en marbre. Tout était calme dans la maison et elle n’entendait plus le bruit assourdissant des vagues. Malgré tout, elle voulait vérifier l’état du souterrain et dévala l’escalier dissimulé dans les murs. À l’origine, cette cave avait servi de cache pour les colons, en cas d’attaque, mais lorsque ce risque était devenu moins important, les maîtres successifs de la maison l’avaient adaptée à leurs envies et besoins.

Parer, le grand-père de Sedna, avait été la dernière personne à apporter des changements au souterrain, quand son fils s’était marié, et la pièce n’avait pas changé depuis. Il l’avait remplie avec toutes les armes possibles et imaginables, mêlant sans scrupule les époques. Il y avait des pistolets et des blasters à particules, des fouets électriques, des haches, toutes sortes de lames, dagues et épées recréées à partir d’anciens ouvrages terriens, des fusils à poudre, des fusils laser, des pistolets à onde de chaleur et des bombes à ondes sonores, de minuscules flèches de la taille d’un piquant de cactus, des gaz paralysants et des fumées narcotiques…

Tous les livres et documents appartenant à la famille depuis des générations y étaient aussi rangés et catalogués. Sedna déambula dans la pièce, effleurant les tranches des tomes anciens. Voilà tout ce qu’il reste de ma famille. Ils avaient participé à la création de cette Fédération des Nesoi, et n’avaient plus pour seul héritage que quelques livres et une orpheline de vingt-six ans qui n’aurait bientôt plus de peuple à diriger. Sedna serra les dents. Elle ne l’accepterait pas ; elle allait reprendre cette Fédération que sa famille avait fondée. Si elle cédait et renouvelait son allégeance à la couronne, ce serait pour prendre le pouvoir elle-même. Elle le devait à ses parents et à ses ancêtres, elle leur devait de devenir la plus puissante Erdane que le monde ait jamais connu.

Elle crut entendre un éclat de rire, mais elle était seule dans la pièce.

***

Après avoir traité les autres affaires à l’ordre du jour, Wesley March se tourna vers la femme assise avec lui dans la salle des communications.
— Votre Majesté, j’ai été invité par Sedna Erdane à venir la voir sur Edin. Y a-t-il autre chose que je peux faire pour vous quand j’y serai ?
La reine sourit.
— Non, Wesley. Vous n’avez qu’une mission en ce qui concerne Sedna : faites-la accepter mon offre.
— Et si elle me fait venir pour m’annoncer qu’elle refuse ?
— Alors vous continuerez à lui rendre visite jusqu’à ce qu’elle accepte. Même Sedna Erdane a une limite.
— Je la connais depuis des années. Elle n’a jamais trahi le fond de sa pensée depuis ses dix-sept ans. Le jour où elle a cassé le poignet de quelqu’un, se souvint-il.
— Elle va céder. La famine qui décime son peuple la fera plier.
Wesley ne répondit pas immédiatement.
— Votre Majesté, nous ne pouvons pas laisser mourir ces gens indéfiniment.
— Je ne suis pas responsable de ces décès. C’est Sedna qui refuse d’admettre qu’elle a besoin de la Fédération.
La reine grimaça, visiblement irritée.
— Pourquoi tenez-vous tant à ce qu’elle revienne dans la Fédération ? Pourquoi ne pas lever le blocus et la laisser vivre sa vie, comme les Seigneurs Libres ?
— Ce serait trop dangereux. Edin appartient aux Nesoi. Je ne peux pas laisser cette famille défier la couronne et la Fédération à nouveau : mon père m’a mise en garde conre son engeance. Elle doit demander. Elle doit se soumettre, faire ce que ses parents n’ont jamais fait et qui leur a tout coûté : baisser la tête et implorer le pardon de la Couronne.
— Les Erdane ont toujours été très fiers. Et si elle ne le faisait pas ?
La reine s’emporta.
— Alors elle mourra sur son morceau de caillou brûlé, et j’en ferai ce que je veux ! Sedna est la dernière de la lignée ; j’aurais pu prendre cette planète depuis des années, je pourrai le faire demain si je décidai, mais je refuse de lui faire ce plaisir. J’attendrai qu’elle perde espoir. J’attends depuis longtemps déjà.
Sedna aussi attend depuis longtemps, pensa Wesley.
— Très bien, votre Majesté. Je ferai de mon mieux.
— Je sais, March. Vous faites toujours de votre mieux. La reine souriait de nouveau. Mais cette fois, surpassez-vous. C’est compris ?
Wesley serra les dents.
— Oui, Votre Majesté.
— Parfait. Vous pouvez me laisser, à présent. Elle agita la main en direction de la porte.

Wesley March, ministre de l’Intérieur, rassembla ses affaires et laissa seule avec ses gardes du corps Annelie Rience, Reine de la Fédération des Nesoi. Il ferma la porte, et ne put retenir un sourire. Dans deux jours, il reverrait la belle Sedna.

***

Sedna avait demandé à son personnel de maison de rester à l’écart avant l’arrivée de Wesley. Debout très raide au bord des terrains jouxtant le Manoir, elle suivit des yeux l’approche du vaisseau, large forme noire se découpant devant les soleils.

Une fois l’atterrissage terminé, Sedna s’approcha de la porte coulissante qui venait de s’ouvrir, et attendit. Cinq gardes de la Sûreté Royale en uniforme blanc et violet émergèrent de l’appareil, suivis de près par un homme mince. De taille moyenne, il portait des vêtements gris clair typiquement Olympiens : pantalon serré, bottes courtes et veste au genou. Ils s’arrêtèrent tous devant elle.

Wesley tendit la main.
— Bonjour Sedna. Je suis ravi de te revoir.
Il souriait largement, découvrant deux rangées de dents blanches impeccablement alignées. Elle prit la main qu’il lui tendait et la serra brièvement. Il n’avait pas beaucoup changé ; peut-être y avait-il plus de mèches argentées dans la masse anarchique de ses cheveux noirs, mais il arborait toujours un sourire qui semblait ne pas atteindre ses pupilles.
— J’espère que ton voyage a été agréable. Elle se devait d’être courtoise, mais son ton restait froid.
— Très agréable, merci. J’ai décollé d’Olympia il y a deux jours et je me délecte déjà des merveilleux paysages de ta planète. J’ai même pris le temps de m’arrêter sur Shelwin en venant. Les vaisseaux sont rapides et confortables de nos jours.
— C’est ce qui se dit, répondit-elle. Suis-moi, je te prie. Je sais que tu n’as pas l’habitude de cette chaleur et j’ai fait servir des rafraîchissements au Manoir.

***

Un assortiment de fruits et de douceurs avait été préparé dans la salle à manger, et Sedna incita d’un geste son invité à se servir. Elle-même se versa un verre d’eau glacée avant de s’installer à la grande table, ignorant à nouveau le protocole des visites officielles. Wesley prit trois dattes séchées et choisit une chaise en face d’elle. La pièce était fraîche et confortable après la chaleur étouffante de la piste d’atterrissage, mais le silence qui y régnait l’oppressait.

Il picorait ses fruits tandis Sedna fixait son eau d’un air sombre en jouant avec les glaçons. Bien. Je sais qu’elle n’entamera pas la conversation. Il savait aussi qu’il ne pouvait pas se permettre d’attendre indéfiniment.
— Ces fruits sont exceptionnellement parfumés. Proviennent-ils de tes vergers ?
Elle leva la tête, les traits empreints de surprise, comme si elle avait oublié sa présence. Elle le fixa en silence, ses yeux gris détaillant chaque recoin de son visage. Wesley déglutit et finit son verre pour ne pas perdre contenance ; il supportait mal ce petit manège. Il soupira.
— Comment vas-tu, Sedna ?
Sedna pencha la tête sur le côté droit.
— Tout se passe à merveille. J’ai eu quelques problèmes de personnel, mais ils se sont faits à ma façon de travailler. J’ai terminé de mettre de l’ordre dans les affaires de mes parents, notamment la collection de poisons de ma mère.

Wesley regarda son assiette et remarqua qu’elle n’avait rien mangé. Il sentit la peur le glacer. Elle ne ferait pas quelque chose d’aussi stupide, se dit-il. Elle est trop intelligente pour ça. Il s’éclaircit la voix. Mais pourquoi suis-je aussi nerveux en sa présence ? Je suis la deuxième personne la plus puissante de la Fédération, par la Terre !
— Tu me disais que tout va bien ?
— Oui, vraiment. Je n’ai pas eu une minute à moi. Les murs de la Cité avaient besoin d’une bonne rénovation, tout comme le spatioport. Son visage s’animait à mesure de ses explications sur les améliorations qu’elle entreprenait.

Wesley mordit à pleines dents dans une datte en observant le visage de Sedna avec beaucoup d’attention. Menteuse. Il avait reconnu un de ses nombreux masques. Il connaissait l’état de la planète et savait que la jeune femme était désespérée, mais elle aurait aisément trompé un autre que lui. Wesley craignait le jour où il serait incapable de repérer les mensonges de Sedna.

Elle s’interrompit, tout sourire, et Wesley se demanda pour la centième fois au moins comment il allait bien pouvoir faire pour qu’elle se plie aux exigences de la reine.
— Il semble que tout va bien pour toi. Elle ne répondit pas. Alors pourquoi m’avoir fait venir ?
Il aperçut un léger tressaillement des lèvres de Sedna, l’ombre d’un tremblement. Annelie avait donc raison… La dame d’Edin savait qu’elle devait s’allier à la Fédération à nouveau. Wesley était presque déçu. Mais maintenant qu’il avait vu une ouverture, il se devait de la faire avouer.

Il se leva et s’approcha d’une des immenses baies vitrées qui laissaient entrer la lumière tout en gardant la fraîcheur, et laissa son regard errer sur le Jardin de Sang, comme les Erdane l’appelaient. Il joignit les mains dans son dos, froissant dans un murmure l’étoffe de ses vêtements hors de prix. Il avait cru être capable d’attendre qu’elle parle, mais il ne put supporter le silence assourdissant de la pièce, il lui était impossible de rester sans rien dire.
— Quel est ton plus grand désir, Sedna ?
— Je dois t’avouer que je ne sais pas, Wesley.
— Voyez-vous ça ! Une question que Sedna Erdane laisse sans réponse !
Il exagéra le ton sarcastique pour masquer son embarras. Il se retourna pour faire face à la jeune femme ; elle trempait un index dans son verre et remuait l’eau en faisant s’entrechoquer les glaçons.
— Ne pose pas de questions auxquelles tu ne peux pas donner de réponse toi-même, rétorqua-t-elle. Quel est le plus grand de tes désirs ?
Elle le regarda droit dans les yeux et il se sentit rougir. Elle savait ce qu’il ressentait quand elle faisait ça. Elle le savait depuis des années, malgré les efforts de Wesley pour le cacher. Elle était belle, incroyablement intelligente, et il avait succombé à ses yeux gris le jour où il s’était rendu compte qu’elle n’était plus l’enfant qu’il avait rencontrée à l’époque.
— J’aime imaginer que je n’attends rien de ce monde. Cela m’épargne de nombreuses… déceptions et frustrations.
— Sage aspiration. Malheureusement, ma volonté de fer m’empêche de faire de même.
— Oh, ma volonté n’est pas moins solide, Sedna, quoique plus malléable. C’est ce qui me permet de siéger au gouvernement alors que tu es ici, bien installée sur ton caillou brûlé.
Il regretta sa réaction cinglante au moment où il cessa de parler. Elle l’avait conduit à répondre ainsi alors qu’il s’était juré que ça n’arriverait pas, et il commençait à s’énerver contre lui-même. Sedna pinça les lèvres pendant une fraction de seconde.
— C’est ça, que tu te dis le soir, Wesley ? commença-t-elle. Que tu es bien mieux loti que moi ? Qu’exécuter les basses œuvres de sa Majesté est un sort plus enviable que le mien ? Dis-moi, ça t’aide vraiment à trouver le sommeil ? Il ne répondit pas et Sedna avala une grande gorgée d’eau avant de reposer son verre sur la table d’un geste violent. Je me demande quand cette idée t’est venue à l’esprit pour la première fois… Quand tu m’as vue la première fois sur Mansi, peut-être. Ou plus tard, tandis que tu gravissais les échelons de la toute nouvelle administration de la reine. Allez, Wesley, raconte-moi, ça m’intéresse. Es-tu le genre d’homme qui se dégage de toute responsabilité en répétant qu’il ne faisait qu’obéir aux ordres ? Alors ?

Il resta debout, immobile, en silence. Il avait toujours su que ça arriverait, qu’elle perdrait un jour son sang-froid et lancerait une attaque verbale. Elle avait toujours gardé un tel contrôle sur elle-même quand ils étaient ensemble, mais c’était avant qu’elle ne rentre chez elle. Il était naturel que ça arrive maintenant, alors qu’elle envisageait l’humiliation devant la reine. De simples mots ne réussissaient que rarement à l’ébranler, mais quelque part en lui quelque chose murmurait qu’elle n’avait pas tout à fait tort. Peut-être aurait-il dû la défendre quand elle était encore enfant, mais il aurait alors tout perdu. Il préférait penser qu’il lui avait été plus utile pendant son exil en restant où il était, au gouvernement. Un autre défenseur mort de la cause des Erdane n’aurait pas été d’un grand secours.

Sedna se leva et s’approcha de lui.
— C’est pour cela que tu viens en visite tous les mois, Wesley, que tu viens me voir pour répéter les paroles vides de ta reine ? Tu obéis bien aux ordres, pour nous observer, moi et mon peuple à l’agonie, pour mesurer le temps qu’il nous reste, estimer combien de temps nous allons tenir, essayer de deviner quand je me rendrai à l’évidence qu’il faut que je supplie la reine de rappeler ses vaisseaux pour nous laisser vivre. Je ne crois pas que tu y prennes plaisir, mais elle t’oblige à le faire, n’est-ce pas ? Tu vois, Wesley, c’est là la plus grande différence entre nous. Personne ne m’oblige jamais à rien.
Il ne réagit pas à la pique. Il n’y avait rien à faire d’autre que d’attendre que l’orage passe.
— Eh bien, tu m’as vue, cracha-t-elle, tu as exécuté tes ordres à la perfection, comme toujours, et tu peux repartir chez toi rapporter à ta chère reine que Sedna Erdane refuse toujours cette alliance.
Sedna se dirigea vers la porte d’un pas ferme, et la maintint grande ouverte pour qu’il sorte, le visage dur et la tête haute. Wesley comprit qu’elle pensait tout ce qu’elle disait.
J’aimerais que la reine voie ça, se dit-il. Il était fier de Sedna, de son refus de jouer le jeu d’Annelie, mais il savait aussi que ce rejet des règles du jeu la mènerait à sa perte.

Il la rejoignit à la porte, retira ses doigts crispés de la poignée et posa ses mains sur les épaules de la jeune femme. Elle ne bougea pas d’un pouce.
— Sedna, je pense que tu devrais y réfléchir à nouveau. Je n’insulterai pas ton intelligence en prétendant que ce que tu viens de me dire est faux. Personne ne nous écoute maintenant, il n’y a pas de reine qui surveille par-dessus mon épaule. Je vais te dire ce que je sais, et ce que tu peux faire. Tu vas devoir me faire confiance.
A nouveau, les lèvres de Sedna tressaillirent imperceptiblement. Lui faire confiance, c’était peut-être beaucoup demander, mais elle devait comprendre qu’il n’essayait pas de la manipuler.
— Sedna, il te suffit de dire oui. La reine veut que tu reviennes à la Cour, sur Olympia. Elle perd peu à peu le soutien des autres Seigneurs de la Fédération, et elle a besoin d’un signal fort. Le retour d’Edin aux Nesoi ne pourrait mieux tomber pour elle. Profites-en.

Il sentit tout le corps de Sedna se raidir et vit les yeux gris détailler son visage à la recherche de toute trace de mensonge. Elle se dégagea et recula d’un pas, l’air pâle et malade. Il tenta de la retenir par le bras mais elle lui fit signe de s’éloigner. Pendant une demi-seconde il crut détecter de l’incertitude dans son regard mais l’instant d’après la lueur avait disparu.
— Je ne peux pas, dit Sedna.
L’orgueil des Erdane te mènera à ta perte.
— Pourquoi refuserais-tu ? demanda-t-il.
— Tu pensais vraiment que je tomberais dans un piège aussi grossier ? Elle avait repris le contrôle d’elle-même. Je refuse de m’humilier pour avoir la place qui me revient de droit, par mon rang. Je sais qu’elle pense que tu pourras me convaincre. Elle s’imagine que tu me connais… Mais si tu me connais vraiment, Wesley, tu sauras que je n’accepterai pas, conclut-elle en souriant.
Il la fixa pendant un temps, analysant ses arguments. Il se demanda si elle simulait, cherchant à cacher son impatience ou essayant de lui faire croire qu’elle ne demanderait pas audience… Ou peut-être était-ce un énième caprice dû à son arrogance ? Il sourit, s’installa à nouveau sur sa chaise et prit la parole pour masquer sa confusion.
— Sedna, ce n’est pas un piège. S’il ne tenait qu’à moi, je lèverai ce blocus, j’enverrai de la nourriture, des fonds et du matériel, pour que tu n’aies pas d’autre choix que de rester ici à tout reconstruire. Te savoir à la Cour, dans l’entourage de la reine et du reste de la famille royale, voilà une perspective qui me donne des insomnies. Mais Annelie veut que tu renouvelles ton allégeance à la Couronne. Elle veut que tu demandes son pardon.
Sedna se rassit.
— Ta reine veut que je m’avilisse et la supplie de pardonner ma famille.
Wesley sentit le léger changement dans le ton de la jeune femme. Sa colère s’était apaisée, et elle réfléchissait. Il n’était pas certain de préférer cette alternative.
— Oui, avoua-t-il. Je crois qu’elle veut que ce soit… une leçon d’humilité. Même si cela n’a pour seul but pour elle que d’imaginer avoir eu le dessus sur les fiers Erdane.
Sedna sourit encore.
— Mais si tu n’étais pas d’accord avec cette décision, pourquoi m’avoir transmis son offre, et pourquoi être venu aujourd’hui ?
— Ordre de la reine.
— Je vois. Elle fixa son verre d’eau. Wesley, reprit-elle avant de s’interrompre à nouveau. Elle secoua la tête.
— Qu’y a-t-il, Sedna ?
— Si je reviens, si je fais ce que veut la reine, qu’est-ce qu’il se passera ensuite ?
Il choisit ses mots avec soin.
— Une fois que tu seras là-bas, qu’elle t’aura pardonné et qu’elle aura levé le blocus, tu seras libre de faire ce que tu veux.
— Libre… je ne suis pas sûre de me souvenir de ce que c’est.
— Sedna, je dois insister. C’est le choix de la raison.
— Non, Wesley. C’est le seul choix qu’il me reste. Elle pinça les lèvres. J’ai une dernière question pour toi.
Il frissonna malgré lui.
— Oui ?
— Est-ce que je pourrai compter sur toi, quand je serai à la Cour ? Ou est-ce que tu vas m’abandonner à nouveau ?

Elle avait l’air si jeune, si fragile. Wesley savait qu’il pouvait très bien s’agir d’une ruse, d’un masque d’inquiétude destiné à le manipuler pour qu’il prenne son parti. Mais elle avait raison, il l’avait abandonnée. Après la mort de ses parents, Wesley avait confié Sedna à ses tuteurs, et il n’était pas revenu avant plusieurs années. Elle avait alors déjà changé. Il savait qu’il ne pouvait pas lui faire confiance, qu’elle n’avait besoin de personne. Elle avait été très claire à ce sujet, des années auparavant, alors qu’elle vivait encore chez Dame Matrya. Il se souvenait de l’ombre froide et impitoyable dans les eux de Sedna le jour où elle avait brisé d’un seul geste le poignet de la pauvre Dame, qui avait osé la toucher.

Mais si elle avait vraiment besoin de lui et qu’il lui tournait le dos à nouveau, comme il l’avait fait il avait des années, avant qu’elle soit même assez mûre pour comprendre pourquoi on l’avait arrachée à ses parents ? Quel nouveau changement irrévocable subirait-elle ?
— Je serai là, Sedna, dit-il. Je te promets que je ne te laisserai pas tomber, ajouta-t-il en un souffle, mais elle n’avait pas l’air d’avoir entendu.

Elle poussa un grand soupir et se leva, la tête haute.
— Très bien, monsieur le ministre. Je demande officiellement audience à sa Majesté Annelie Rience, reine des Nesoi. Je souhaite lui présenter mes excuses pour le comportement de ma famille, humblement demander que le blocus d’Edin soit levé, et accepter son offre d’allier à nouveau mon monde à la Fédération des Nesoi. Je peux me rendre sur Olympia dès que ce sera nécessaire. Sedna sourit. Je pense qu’il faudrait que ce soit fait avant l’anniversaire du roi, le mois prochain, conclut-elle.

Elle avait récité sa tirade sans une once d’hésitation. Wesley comprit alors qu’elle avait tout planifié. Elle avait toujours eu l’intention de demander, qu’il arrive à la convaincre ou pas. Il se sentait stupide. Stupide et soulagé, certes, mais stupide quand même.
— Je… c’est d’accord. Tu as raison.
— Alors c’est entendu. Maintenant, si tu veux bien m’excuser, je vais me retirer. Il me reste beaucoup de choses à faire. Le dîner sera servi à huit heures.
Elle s’éclipsa, et Wesley ne chercha pas à la retenir. Un majordome apparut, pour mener le ministre vers les appartements des invités, au premier étage, où ses affaires avaient déjà été déposées. Wesley s’allongea sur le lit en s’étirant, et laissa son esprit vagabonder. C’était agréable de laisser de côté les autres problèmes de la Fédération, même pour tenir tête à Sedna et ses jeux de dupes.

Il aimait à croire qu’il avait su la comprendre, il y a quelques années. Il l’avait rencontrée, furie de douze ans, alors qu’elle venait d’assister à l’exécution publique de ses parents et avait été envoyée vivre chez des étrangers. Il avait vingt-six ans, et sa première mission en tant que chargé des relations fédérales avait été de conduire l’enfant à sa famille d’accueil. A force de patience, il avait réussi à faire naître un semblant de confiance entre elle et lui. Ils ne parlaient jamais de ses parents, ou de sa vie avant le massacre. Sedna pleurait, quand elle croyait que personne ne la voyait, mais la plupart du temps elle enfermait ses sentiments au fond d’elle-même et ne laissait personne se douter de ce qu’elle pensait vraiment de sa situation. Après un temps, il l’avait laissée à sa nouvelle vie, et n’avait plus pris de nouvelles pendant cinq ans. Il était revenu sur ordre de la reine, qui avait demandé son avis sur la situation, et il avait à peine reconnu Sedna. La sauvageonne aux cheveux en bataille s’était muée en une jeune femme très calme, qui avait cassé le poignet de sa tutrice, sous les yeux médusés de Wesley. Après ce jour, il avait eu beau essayer, il n’arriva plus à atteindre Sedna.
Quand la jeune Erdane fêta ses vingt-quatre ans, Dame Janis Matrya la renvoya chez elle. Wesley ne put retenir un sourire en se remémorant l’air triomphant de Sedna le jour où elle quitta le Domaine Matrya.

Il se leva et sortit sur le balcon, cherchant de l’air. Il faisait tellement chaud qu’il avait du mal à respirer. Les soleils étaient encore hauts dans le ciel, cuisant les murs du Manoir, mais il frissonna malgré la chaleur. Cet endroit l’avait toujours beaucoup troublé, il s’y sentait en permanence sous la menace d’un danger imminent. Ce monde semblait souffrir, et pas seulement de son passé lourd de mort et de destruction. Depuis l’espace, le globe rouge sang évoquait à Wesley un cœur immobile que l’on aurait arraché. A ses yeux, Edin était un long cri d’agonie ; l’Océan portait les soupirs d’un monde qui déplorait sa propre aridité, et devant ses yeux la plage écorchée se peuplait des fantômes des chants et danses du passé. Ses sens se trouvaient endoloris par le moindre détail du paysage : les soleils, le sable sec, les hurlements des créatures du désert, et même Sedna.

Il sursauta en entendant parler la jeune femme depuis les étages supérieurs.

— Un choix de vêtements ? Je prends tout. La domestique répondit quelque chose qu’il ne comprit pas. Oui, tout, rétorqua Sedna. Je ne pars pas en vacances, Mariel. Je vais à Olympia.

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